« Dans la recette, le plus important, c’est la photo » m’a dit un jour ma sublimissime cousine Laure K, et le moins qu’on puisse dire c’est que je ne suis pas d’accord.
Enfin si, je vois ce qu’elle veut dire, les lecteurs (vous, donc, mes petits pieds et paquets d’amour) sont forcément extrêmement influencés par la photo de la recette. Mais quand même, je continue à ne pas être d’accord (tout en étant d’accord, vous suivez ?), car pour moi, il n’y a pas de doutes, le plus important dans la recette c’est la recette.
L’honnêteté me pousse à avouer que cela m’arrange bien, car malgré l’affection que vous nous portez, vous aurez sans doute remarqué notre nullité absolue en matière de photographie culinaire.
C’est pour nous une souffrance permanente car le bon Dieu nous a à la fois doté d’un oeil très sûr et d’un jugement artistique acéré (si si) – en même temps qu’un manque de talent total pour la chose. Nous sommes donc condamnés à faire de la daube tout en mesurant le niveau dramatiquement nul de nos prestations. Et je ne vous parle même pas des pensées suicidaires qui nous traversent l’esprit quand on voit ce que font les copines.
Bref, cela dit, je continue tout de même de penser que le plus important dans une recette, c’est la recette. Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt les non-recettes honteuses accompagnées de jolies photos qui se multiplient dans la sphère culinaire; mais plutôt (soyons positifs) de vous faire partager mon affection pour la recette « texte », qui en général est tournée d’une façon toute différente que sa version illustrée.
L’auteur doit ici vous convaincre, vous donner envie, par la seule force de sa description, de ses associations, et c’est un tout autre challenge. De même, il ne pourra pas faire de raccourcis approximatifs sur le dressage ou la disposition de la recette, on doit rentrer dans le détail, expliquer, décrire – et je trouve en général que le résultat est beaucoup plus personnel et profond qu’avec les recettes illustrées.
Malheureusement, il faut bien se rendre à l’évidence, au niveau des ventes le verdict est assez implacable, et le livre de recettes sans images ne fait souvent pas le poids.
Voila pourquoi je vous recommande chaleureusement cette sélection de livres, plongez dedans, aimez-les, il vous le rendront bien. Et vous (re)découvrirez le grand plaisir de voir la recette prendre forme sous vos yeux.
Le livre de bonnes recettes de référence : Le petit Perret Gourmand*
Ma mère m’a donné ce livre un peu genre « J’ai retrouvé ce truc dans notre bibliothèque, je ne sais pas ce que ça vaut, regarde si tu peux en faire quelque chose« , et je dois dire qu’au départ je n’aurai pas misé un kopeck dessus. Et pourtant, cet ouvrage très complet sur les bonheurs de la cuisine française nous a valu quelques sacrées mangeailles. Des recettes de base (fonds, bouillons, sauces), jusqu’aux créations personnelles et inspirées de l’auteur (turbot aux huîtres, soles farcies au cèpes), la lecture de l’ouvrage est profondément réjouissante et appétissante.
Le plus : les conseils sur les vins. Le moins : la partie desserts,un peu atrophiée.
Je l’offre à : un copain gourmet qui décide enfin de se mettre en cuisine.
Le livre sans images qui peut faire office de cofee table book : Géométrie de la pasta
Celui-là je l’aime d’amour, c’est un petit bijou, résultat de la rencontre entre deux grands talents : Jacob Kenedy, un restaurateur londonien genre de génie de la pasta, et une designer au talent brut : Caz Hildebrand.
Si je suis souvent agacée par la prétention (et le manque de fond ?) des projets croisés « design & cuisine », nous sommes pour le coup en présence du cas typique de collaboration réussie, pertinente, où chacun a donné le meilleur de soi même. Les recettes sont fantastiques, gourmandes, précises – et le design sobre et épuré du livre met en relief les illustrations en négatif de Caz Hildebrand.
J’ai toujours un peu l’impression de feuilleter un livre d’art quand je le parcours, et c’est un ouvrage (à mon avis) bien plus intéressant que La cuillère d’argent dans le genre bible référence sur les pâtes (bien qu’il ne soit pas écrit par un Italien, sacrilège !!).
Je l’offre à : un fondu de design et/ou de pasta.
Le livre qui te donne envie de te mettre en cuisine : La cuisine est un jeu d’Esterelle Payani et Marie Donzel
Ce livre devrait être obligatoire dans toutes les cuisines : un recueil de conseils, recettes, infos drôles et précieuses à la fois – mais ne vous y trompez pas : aux manettes on retrouve de vraies grandes cuisinières. Sous ses faux airs de livre gadget vous tenez donc en main un véritable guide de cuisine, à feuilleter à tout moment de la journée, ou à emporter en vacances pour les journées de manque d’inspiration.
Pour 4€, mon avis, c’est que c’est le meilleur rapport qualité-prix de l’année**.
Je l’offre à : tout le monde.
La collection belle et bonne : 10 façons de cuisiner …
Déjà quelques années que les éditions de l’épure nous régalent avec cette très jolie collection de petits recueils délicats, abordant chacun un ingrédient différent. C’est toujours poétique, parfois même fantaisiste, drôle, et je peux passer des heures à les feuilleter.
A mon avis, ces petits ouvrages sont bien plus ravissants que la plupart des livres avec photos. A savoir : chaque volume a un auteur différent, et le défaut de cette formule est que la qualité des recettes peut varier sensiblement d’un ouvrage à l’autre. Prenez le temps de les feuilleter avant de les acheter.
Mes préférés : Le Haddock de Sonia Ezgulian et La Poutargue de Mayalen Zubillaga. Mais je pratique aussi Le pied de cochon, Les huitres, Le homard …
Je l’offre : Je vais faire une sélection pointue d’une dizaine de titres à la librairie gourmande, et je les offre à un esthète (qui se reconnaîtra).
Et aussi : La grande cuisine minceur de Michel Guérard (un grand classique), Méditerranées cuisines de l’essentiel d’Alain Ducasse, et La Cuisine de monsieur Momo de Maurice Joyant.
* Attention, Pierre Perret a écrit d’autres livres que j’ai feuilletés en magasin et qui m’ont parus assez inférieurs.
** Et le fait qu’Esterelle soit une de mes chouettes copines gourmandes ne doit pas vous faire douter de l’objectivité de mon jugement sur ce petit ovni litéraro-culinaire.
merci Claire, je vais me gater et faire de chouettes cadeaux de noel !
Je choisis les pates, perret et esterelle
Ma Raoulette, ton passage par ici est un rayon de soleil dans ce jour de pluie ❤
Vous n’aurez plus d’excuses aprés avoir lu ces conseils…http://www.amazon.fr/Photo-gourmande-Conseils-blogueuse-culinaire/dp/2212134312/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1353777918&sr=8-1
C’est drôle, tu cites deux des premiers livres que j’ai acheté, dans les années 80, le Perret et le Guérard. Autant j’ai adoré le premier qui me sert encore un peu (notamment pour la recette du caviar d’aubergine qui est parfaite) et j’ai souvent offert (et même une fois totalement annoté pour un copain particulièrement peu doué), autant le second représente tout ce que je n’aime pas dans un bouquin de cuisine, des quantité maniaques, et des précisions chiffrées allant même jusqu’à définir la taille des casseroles.
A part ça, nous avons les mêmes lectures, sauf Monsieur Momo qui m’intrigue beaucoup…
PS Elles sont très bien tes photos, on dirait que tu cherches à me coller des complexes 😉
Monsieur Momo mérite effectivement ton intérêt 🙂
Rhooo c’est marrant j’ai un article en prévision comme ça car c’est la reflexion que je me suis fate: mes livres préférés sont finalement ceux qui n’ont pas d’image. Mais c’est pour des raisons légèrement différentes des tiens, je m’en expliquerai 🙂
Ha oui, du coup j’attends avec impatience !!
Sans parler de la base, des indispensables Ginette Mathiot, Reboul, Mme Saint-Ange, Chanot-Bullier : comment faire la cuisine sans eux, et pas une image là-dedans !
Exactement, on est bien d’accord !
Entièrement d’accord, on apprend beaucoup plus de choses avec ce genre de livres. Mais tout de même les pas à pas en photo peuvent être bien utiles. J’ai essayé plusieurs fois de trouver la meilleure façon d’expliquer comment prélever les segments d’un agrume, et il faut avouer qu’avec quelques photos c’est beaucoup plus simple. Mais là on n’est pas dans le « stylisme » culinaire si cher aux éditeurs actuels. la photo du plat prime tellement qu’on n’hésite pas à faire des coupes dans le texte si la place manque.
Exactement Mag, très juste ! J’aime moi aussi beaucoup certaines collections de livres de cuisine pas à pas, cela peut être très instructif – ce que je n’aime pas, c’est cette espèce d’obligation de résultat sur des photos au final assez formatées, avec un focus quasi exclusif sur l’image au détriment de la recette.
Avec ou sans images, je suis accroc aux livres de cuisines. J’en ai une bibliothèque complète dans… la cuisine.
Mon tout premier : Ginette Mathiot, la cuisine pour tous.
Il y a peu, j’ai récupéré « Le Conseiller culinaire » de Gaston Clément, imprimé en Belgique en 1953, cadeau de mariage offert à ma maman en 1956.
Merci pour ce bel article qui me donne des idées, je sens que je vais me laisser tenter encore une fois.
Merci Chantal, ça nous fait très plaisir – et nus sommes intrigués par ce « conseiller culinaire », rien que le titre est formidable.
Qu’est-ce que ça me fait plaisir, merci !
Ménon ménon, merci à toi !!
ils font tous envie … si je m’écoutais je les achèterais tous !!
Bravo !! Il faut soutenir l’édition de qualité !!
Merci pour ces conseils! Et totalement d’accord: c’est la recette et sa description qui comptent dans un bouquin! Super d’accord sur l’analyse du bouquin d’Esterelle et Marie! Quant au Perret Gourmand, je vais demander a ma Maman de me l’offrir pour Noel…:) C’est un classique qu’il faut avoir chez soi!
Je ne peux qu’approuver ! Merci ton passage miss Belleville, j’adore ton blog !
après il y a les livres gourmands, essais ou briographiques comme ceux de Dorian, François Simon et la fille de son père… zéro photo mais de l’intime, du vrai partage qui engage