Sawadee Kaa les chéris. Alors ça y est, le voyage en Thaïlande est désormais derrière moi, et croyez-moi, on ne s’est pas laissés aller : ça a dépoté sa mère sévère !!
Quelle fascination. Quelle énergie, quelle luxuriance, quel pays multiple, et Bangkok !!!! Quel coup de foudre pour cette ville incroyable. Comme tout le monde j’avais lu et entendu mille choses sur la mégapole mythique – mais croyez-moi, il faut la voir pour le croire. C’est immense, gigantesque, bruyant, brûlant – mais aussi champètre, on y croise des champs de citronnelle, des klongs verdoyants, des gargotes odorantes – et quelques mètres plus loin, des centres commerciaux à côté desquels Parly 2 ou La Part Dieu font office de modestes échoppes de quartier.
Au retour de ce voyage, pour la première fois de ma vie, je trouve Paris bien palote et dépouillée, un peu tristoune, un peu ringarde – car à côté du monstre de lumière qui ne cesse de se mouvoir au bord du fleuve Chao Praya, nos capitales Européennes sont renvoyées directement d’où elles viennent : un passé lointain.
Mais nous reviendrons sur Bangkok plus tard. Pour le moment, j’ai décidé de vous raconter nos aventures thaïlandaises gourmandes en ordre chronologique, et c’est par Chiang Mai que nous avons débuté notre périple.
Chiang Mai (donc) est une cité du Nord de la Thaïlande, connue pour ses temples élégants, ses fortifications, sa splendide campagne environnante et (je vous le donne en mille) : sa cuisine raffinée. C’est donc logiquement que nous avons choisi d’y effectuer le début de notre voyage.
PunPun
J’avais lu des comptes-rendus enthousiastes sur la cuisine du PunPun, petit restaurant végétarien composé de quelques tables en plein air, et situé dans l’enceinte même du temple Wat Suan Dok. Le Punpun est très engagé dans une démarche de préservation et promotion de l’agriculture locale, et pratique une cuisine fraîche, ludique, avec en particulier une salade de fleurs dont la réputation était remontée jusqu’à nous. Après une petite marche nous trouvons l’endroit, charmant, un peu planqué, et visiblement plus fréquenté par la jeunesse farang* que par les thaïlandais. Le service est assez peu coopératif, mais on est bien installés, et la vue sur les cuisines est extra : on peut constater que (comme souvent en Thaïlande), tout est fait minute.
La fameuse salade de fleurs se révèle tout à fait réjouissante, croquante, savoureuse, il y a des fleurs crues, d’autres en tempura, les saveurs sont vives, un peu aigres, et la légère amertume de l’ensemble est compensée par la douceur d’une petite sauce à l’avocat (enfin, suis sure à 85 % que c’était de l’avocat). C’est très beau, c’est très bon, et je complète ce ravissant en cas par un drôle de plat d’oeufs salés roulés dans une pâte de Taro – dont l’onctuosités nous a régalés.
Petite déception par contre sur le plat de mon chéri, sans intérêt et qui ressemblait si peu à la description de la carte que je me demande encore si le serveur ne s’était pas trompé (malgré ses protestations pour nous affirmer le contraire).
Une adresse quoi qu’il en soit tout-à-fait recommandable, originale, pleine de fraîcheur. Leur site internet annonce par ailleurs une seconde ouverture à Chiang Mai.
PunPun, Wat Suan Dok, ouvert tous les jours sauf le mercredi, de 9h00 à 16h00.
Rachamankha
C’est sur les conseils enthousiastes de la très experte Adèle Hugot que nous avions choisi de dîner et dormir au très bel hotel Rachamankha, sis en plein coeur de la vieille ville. Cet ancien couvent est une véritable oasis de paix et de verdure au milieu de la frénésie thaïlandaise. La décoration est à la fois très sobre et très belle, peut être un peu austère, mais raffinée et d’un goût parfait. Le très agréable lobby, la magnifique bibliothèque ancienne, la grande piscine, les paisibles cours intérieures, tout est beau, et repose agréablement le corps et l’esprit après la chaleur, le bruit et l’énergie trépidante des allées de Chiang Mai.
Le restaurant quant à lui est ravissant, situé dans une jolie cour ancienne. La carte est peut être un peu courte pour sa partie thaï (quelques salades, quelques currys), mais impeccablement réalisée – et nous y avons passé un délicieux moment, dont le climax fut la merveilleuse salade de pamplemousse dont vous trouverez la photo ci-dessous.
Une adresse fort recommandable, et assez unique, beaucoup d’hôtels à Chiang Mai se trouvant dans les quartiers modernes, beaucoup moins sereins.
Le bémol : le petit déjeuner, complètement à côté de la plaque.
Khao Soi Islam
Le Khao soi, un plat musulman, est l’une des spécialités de la région de Chiang Maï, et nombre de restaurants proposent ce plat de pâtes assaisonné d’épices et d’une touche de lait de coco. La particularité du Khao Soi, c’est la double cuisson des pâtes : une partie d’entre elles sont cuites à l’eau; alors que les autres, placées sur le dessus du plat, sont frites (ou grillées, je n’ai pas encore vraiment bien compris leur mode de cuisson).
C’est un plat simple mais populaire, et, malheureusement, souvent maltraité. Pour le goûter, nous avons donc suivi les recommandations de Leela et traversé Chiang Mai en vélo pour nous rendre au pied de la mosquée, déguster ce Khao Soi qu’elle considère comme impeccable et parfaitement représentatif de ce qu’un Khao Soi doit être. La très chouette ballade, quoique longue (on s’est fait surprendre par les distances) valait l’effort – et le déjeuner fut parfait. Les saveurs sont vives et justes, le bouillon est savoureux et la recette refuse les aménagements habituels concédés aux touristes (trop de lait de coco, des cacahuètes partout).
Contrairement au PunPun, pas de trace de farangs dans le coin, une adresse qui ravira donc les amateurs d’ambiances typiques.
Le plus : déjeuner au son du chant du Muezzin
Khao Soy Islam, Baan Haw Soi 1, Charoen Prathet Rd
Huen penh
Le restaurant Huen penh, situé à quelques dizaines de mètres du Rachamankha, est connu pour sa large carte typique du nord de la Thaïlande, raison pour laquelle nous avons décidé de lui rendre une petite visite.
Nous nous y sommes tout bonnement régalés. Je dois même vous dire que j’ai eu une véritable émotion lors de ce dîner, où j’ai vraiment eu le sentiment de découvrir un nouveau pan, très authentique, de la gastronomie thaïlandaise. En particulier, j’ai hautement apprécié de pouvoir découvrir de plus près une catégorie de plats typiques de la table thaï : l’assortiment de légumes accompagné de « priks ».
Les « priks » ** sont des condiments divers ultra parfumés, utilisés comme « dips », ou que l’on mélange simplement avec du riz. D’après Leela (toujours elle, mais que voulez-vous c’est ma référence en matière de cuisine thaïlandaise) , il existe des centaines de recettes de « priks » différents en Thaïlande et ils sont un peu l’âme de la cuisine thaïlandaise. Nous avons d’ailleurs pu le constater souvent dans les adresses authentiques : il y a toujours sur la table un petit bol de crudités qui traîne avec une cuillère ou deux de pâte épicée, aux légumes ou à la viande.
A la carte du Huen Penh, j’ai donc été ravie de découvrir qu’ils proposaient plusieurs de ces « priks », et celui que nous avons goûté ne m’a pas déçue. Il se composait de porc (dont je dois dire nous n’avons pas senti pas la présence en tant que telle), d’aubergines et de piment verts. Le résultat était onctueux, un peu comme un caviar d’aubergines très frais (et très pimenté), légèrement amer et avec une petite touche de sapidité signant tout de même la présence de la viande. Nous avons adoré.
Autre découverte de spécialité locale ce soir là : les saucisses. La région propose en effet deux grandes spécialités de saucisses, célèbres à traver tout le pays. Tout d’abord :
- La saucisse de Chiang Mai, une saucisse assez dense et très parfumée : ail, galanga, citronelle, racines de coriandre (entre autres) donnent un résultat très aromatique et absolument délicieux. C’est la chouchoute des touristes, et je vous en donne la recette très bientôt.
- La saucisse fermentée, une saucisse dont une partie de la viande a fermenté, ce qui lui donne un petit gout aigrelet assez agréable, qui ferait penser de loin au chou fermenté de notre choucroute nationale. Sympa, mais on comprend le succès par KO de la très populaire saucisse de Chiang Mai.
Pour finir ce petit tour des plats que nous avons préféré au Huen Penh, je ne peux pas ne pas mentionner le laarb moo. Cette salade de porc haché aux herbes se trouve dans n’importe quel resto thaï un peu sérieux en France, et comme j’en raffole, il me fallait la goûter sur place.
C’était fantastique, très TRÈS épicé, mais superbe – ce plat est définitivement un de mes favoris, d’ailleurs je vous donne la recette également très prochainement car j’adore le cuisiner. Le laarb se prépare également avec du poulet (laarb khai) ou du boeuf (laarb neua).
Huen Penh, 112 Rachamankha Rd.
Chiang Mai Gate Market
Après deux jours passé à nous régaler systématiquement dans toutes les adresses que j’avais dégotées, logiquement, ce qui devait arriver arriva : crise de surconfiance – et je décidais tout de go d’aller prendre un petit déjeuner matinal sur un des marchés de la ville. Je repère le Chang Mai Gate Market car il n’est pas très loin de notre hôtel, et que le Lonely Planet confirme que l’on peut y déjeuner.
Nous voila donc partis avec la naïveté du touriste affamé, et malgré mon enthousiasme, l’honnêteté m’oblige à dire que la visite fut un peu rude. Ce marché, qui fut le premier de notre voyage, était particulièrement rustique (pour ne pas dire craspec) par rapport à ceux que nous aurons l’occasion de visiter plus tard.
Au saut du lit, les étals de boucheries, le bruit, les odeurs n’ayant rien à envier au souk de Marrakech, la foule, la chaleur, nous ont pris à la gorge. Je cherchais désespérément des yeux un stand qui vendrait (comme on en trouve tant en Thaïlande) des fruits mixés, mais ne rencontrait que viscères de poisson et étals de piments. Après quelques minutes, nous trouvons tout de même un petit monsieur préparant les crêpes rondes à la coco que j’aime tant (Khanom klok) et qui nous redonneront un peu de couleurs.
L’honneur étant sauf (on ne repartait pas sans rien avoir goûté), nous sommes allés nous asseoir à l’extérieur pour manger notre petit snack. C’est alors que j’ai vu les roulottes de vendeurs que j’avais cherché – elles étaient en fait en face, à l’extérieur, et il me semble que c’est souvent le cas dans les marchés : il y a l’endroit où l’on fait ses courses, et un peu plus loin de côté se trouvent les vendeurs de nourriture à consommer sur place***.
Bref, un peu ébranlés par notre visite, nous avons lamentablement plié bagage vers un bon vieux bistrot de touristes, pour y déguster un café et un jus de fruits réconfortants.
The Chedi
Histoire de rendre hommage aux spectaculaires contrastes qui font la Thaïlande, nous avons fini cette même journée au bar du Chedi, l’un des hôtels les plus luxueux de la ville, situé au bord de la rivière Ping.
Réputé pour son architecture ultramoderne et son ambiance raffinée, c’était le lieu parfait pour prendre un verre avant d’aller prendre l’avion pour Pukhet.
Et je dois dire que l’endroit mérite le détour. Même moi qui ne suis pas très sensible aux décors minimalistes et austères, j’ai été touchée par la beauté et l’harmonie des lieux. Ajoutez à cela un service proche de la perfection **** et une carte de tapas/zakouskis très réussie, vous obtenez un petit moment délicieusement suspendu, à saisir juste à l’heure où le jour se transforme en nuit (entre chien et loup comme dit mon amie Charlotte).
Chedi Hotel, 123 Charoenprathet Rd T.Changkran Muang
D’autres adresses non-alimentaires que je vous recommande à Chiang Mai :
– Le Fa Lannah spa propose des tarifs plus raisonnables que ceux pratiqués dans les spas haut de gamme, tout en offrant une prestation superbe. Décor majestueux, accueil charmant, service de voiturier inclus dans le prix des massages – à 700 baths (18 €) l’heure de massage thaïlandais on s’offre un vrai moment de luxe.
– Siam Celadon (158 Tha Pae Rd) propose une sélection de vaisselle en céladon à des tarifs dérisoires. Si les modèles un peu élaborés ne sont pas à mon goût, la collection « toute simple » est superbe – et vous pouvez en prime boire un thé parfumé ou grignoter une salade dans son ravissant jardin tropical. Si comme moi vous adorez cette céramique à la délicate teinte vert de gris, ne ratez pas cette visite.
* Terme par lequel les Thaïlandais désignent les occidentaux.
** le mot « Prik » signifie littéralement piment ou épice
*** Si vous avez déjà voyagé en Thaïlande, votre avis sur ce point m’intéresse : avez-vous eu la même impression ?
**** On ne voit personne, on vous fiche une paix royale, et juste au moment où vous vous dites « Tiens je prendrai bien …. »- pof voila que la serveuse est à vos côtés. C’est le propre des très grandes maisons, ça me bluffe à chaque fois.
Génial, billet, merci Claire pour le voyage, quel dépaysement ! Et pour les adresses 🙂
Merci merci Tiuscha, et ce n’est pas fini, il reste encore Bangkok !
Look at all the great places you’ve covered! So glad you had a great time in Thailand, Claire.
We had more than a great time, it was fantastic – Or Tor Kor was the best part, and I must say I did really impress my friends who live in Bangkok by discussing about scented candles with the pattiserie chef at Issaya in Bangkok. I want to go back so badly ! Thanks for all the sharing, that made the trip really special.
Merci pour ce road trip gourmand part one, ça fait rêver, sourire et saliver!
Je ne connais pas du tout la Thaïlande, ta visite guidée par procuration donne envie… J’ai pris un abonnement au thaï à côté de chez moi, je sens que je vais leur casser les pieds avec certains des plats que tu as annoncés et qu’ils n’ont pas…
Bon retour à Paris 😉
Oui surtout il faut leur casser les pieds, leur dire qu’on en a marre des currys verts plein de lait de coco, ils ont tant de choses à nous faire découvrir !!!
Je vais archiver ce billet, comme j’avais archivé celui sur Marrakech et qui m’a été très utile en son temps.
Sachant ta connaissance approfondie de la cuisine thaï, et si en plus Adèle s’y est mise, j’ai carrément envie de partir là-bas maintenant…
Merci Patrick, ces compliments venus de toi flattent mon égo déjà démesuré, il adore, merci pour lui 🙂 Sans plaisanter : le meilleur reste à venir, c’est à Bangkok qu’on s’est le plus éclatés au niveau assiette. Et oui : il faut y aller à mon avis (et tu peux toujours en profiter pour faire un petit saut à Angkor – et aussi pour tes chéries je dois dire que Bangkok au niveau shopping, c’est autrement plus fou que New York :))
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Holala toutes ces belles photos ! Il y a tellement de bonnes choses à manger en Thaïlande et Chiang Mai en particulier !
Ma Clairette, je relis ton billet avec délice et il me donne envie de retourner faire un tour a Chiang Mai …
Merci ma Clairette pour ces belles saveurs !!! Je relis ton billet avec délice et il me donne bien envie de retourner faire un tour a Chiang Mai
Ma Charlotte, gloire à toi, merci de ton passage : maintenant faut que tu lises Bangkok !!
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