Hello hello mes petits calamars au basilic sacré, alors vous tenez le coup ces jours-ci malgré la météo hivernale ? On doit dire de notre côté que grâce à notre séjour en Thaïlande, nous avons pu remettre le compteur « Manque de soleil » a zéro, ce qui aide pas mal comme vous l’imaginez.
Et justement, il est temps pour nous de poursuivre le récit de nos aventures gourmandes au pays du sourire.
J’ai décidé de passer directement à notre séjour à Bangkok, bien que nous ayons passé quelques jours à Pukhet et Railay entre temps. Une raison principale à cela : si nous n’avons jamais mal mangé sur les plages, nous n’avons pas non plus découvert de choses extraordinaires. Les restaurants de ces zones touristiques proposent plus ou moins tous la même carte occidentalisée simplifiée – et dans certains endroits il fallait chercher un peu pour trouver des plats thaïlandais entre les clubs sandwiches et les hamburgers (à Railay on nous a même proposé du minestrone au petit déjeuner, je ne m’en suis toujours pas remise).
Bref – si vous êtes gentils je vous mettrai peut être un petit reportage photos de belles plages dans un prochain billet, mais pour le moment on a du boulot, parce qu’à Bangkok croyez moi, au niveau de la cuisine, ça joue clairement dans la cour des grands.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous ne sommes pas arrivés les mains dans les poches, et je vous conseille d’en faire autant si vous souhaitez vous y rendre : il faut bosser son voyage à l’avance pour ne pas être perdus une fois sur place.
Et pour vous aider, je vous recommande ces documents qui nous ont été particulièrement précieux lors de notre préparation :
- Les cartes de Nancy Chandler (et leurs petits carnets jaunes) regorgent d’excellentes adresses. Elles sont particulièrement pratiques et bien informées, nous ne les avons pas lâchées du séjour.
- Le livre Bangkok Street food de Tom Vandenberghe et Eva Verplaetse est également précieux. C’est un descriptif simple mais très bien fait des principaux plats thaïlandais, avec des recettes, et aussi des adresses où vous pourrez déguster vous même tel plat ou tel autre. De plus les noms des plats y figurent en écriture thai et en description phonétique ce qui est très pratique croyez-moi pour commander – car les traductions en anglais des recettes sont parfois confuses et si vous voulez manger quelque chose de précis, il sera mille fois plus simple de montrer le nom de la recette en Thaïlandais, ou (d’essayer) de le prononcer grâce à la transcription phonétique.
- … et bien entendu, la lecture assidue du blog de cuisine thaïlandaise She Simmers sera d’une aide indéniable pour votre compréhension de la cuisine thaïlandaise.
Bien. Maintenant que nous sommes équipés, on commence la ballade.
Chote Chitr
Je voulais absolument visiter cette adresse, dont j’avais entendu parler par le über pointu magazine The Art of Eating. Elle était également mentionnée dans le livre Bangkok Street Food et dans le carnet de Nancy Chandler; et tous la décrivait comme une table simple, mais assez remarquable en matière de cuisine traditionnelle.
Le Chote Chitr se situant plus ou moins dans le même quartier que le Palais Royal et le Wat Pho (enfin à l’échelle de Bangkok quand même, ne comptez pas trop y aller à pied), vous pouvez enchaîner votre déjeuner avec les visites indispensables de ces deux monuments majeurs de la ville.
Le restaurant est modeste, petit, quelque tables en bois. Il est situé dans une rue tranquille, et deux tables sont déjà occupées par des occidentaux lorsque nous arrivons.
La patronne s’étant visiblement levée du pied gauche, nous a tout de même fait l’honneur de nous apporter la carte, particulièrement complète, la plus riche de loin de tout notre voyage.
Pendant que nous choisissons, une petite dame au t-shirt douteux s’active en cuisine, tout en se faisant copieusement invectiver par la maîtresse des lieux, ce qui ne l’empêche pas de sortir des assiettes splendides. Quelques adresses thaïlandaises parisiennes hors de prix dont la cuisine ne souffrirait pas la comparaison me reviennent en mémoire …
Première découverte : la salade de fleurs de bananiers est une merveille. Croquante, fraîche, un peu amère et légèrement fruitée. Le délicat parfum de banane verte se marie merveilleusement avec la sauce onctueuse à la coco et au piment rouge.
Les beignets de poisson sont épicés et moelleux – je suis ravie car je les ai cherchés pendant tout le voyage : j’ai commandé des « fish cakes » à TOUS les repas depuis notre arrivée, mais je ne tombais jamais sur ceux que je voulais, on me proposait toujours un truc différent. Ils étaient donc là – et je leur ai fait un sort.
Le curry de crabe avec lequel nous enchaînons (un plat que vous DEVEZ absolument goûter si vous allez en Thaïlande) est parfumé à souhait, crémeux, un régal.
J’ai également eu la joie de voir à la carte un plat que je voulais goûter depuis longtemps : le mee krob*. Ce sont des vermicelles de riz frits, très croustillants, qu’on assaisonne d’une sauce aux agrumes très acidulée. Le tout est servie avec de l’omelette, des crudités, des pousses de haricots mungo et des herbes. C’est frais et croustillant, on dirait presque un bonbon : je n’avais jamais rien mangé de tel, c’est très original et absolument délicieux.
Bref, un total régal, si vous êtes à Bangkok il faut y aller et puis c’est tout.
Chote Chitr, 146 Thanon Praeng Phuthon
(NDLR : je m’excuse pour le manque de photos sur ce dîner, après deux verres de vin j’ai toujours l’impression que les réglages de mon appareil photo sont parfaits, ce qui est bizarre car ce n’est JAMAIS le cas, je devrai le savoir à la longue. Nous avons de plus dîné en pleine nuit, et les photos sont donc logiquement inutilisables, à part les deux ci-dessous que j’ai vaguement pu récupérer malgré leur médiocrité. C’est bien dommage car tout était ravissant : le cadre comme l’assiette).
Nos amis Charlotte et Eric, résidents de Bangkok depuis presque deux ans, tenaient à nous emmener dans cet endroit au charme absolument imparable. Vieille maison en bois au style post colonial très réussi, jardin tropical superbe avec poufs géants sous les étoiles, et, cerise sur le gâteau : notre table dressée sous les palmiers, à la lueur des bougies – c’était sublime.
Le restaurant appartient à un français mais le chef est thaï, ce qui donne une cuisine locale modernisée, vive, pleine d’esprit. C’est joli à souhait, (petites bouchées délicates de tartare de poisson) – mais sait également se faire gourmand (travers de porc confits à l’extrême, juteux, mortels).
Nous passons un merveilleux dîner, le dessert quant à lui sera spectaculaire.
Les serveurs recouvrent soudain la table de feuilles de bananiers, et une jeune femme souriante, vient nous expliquer dans un excellent français ce qu’elle y dispose : espuma de fruits de la passion, mousse de coco, concentré de banane : tous ces différents condiments sucrés sont artistiquement placés sur les feuilles de bananier. Elle apporte ensuite une grande demie-sphère en chocolat qu’elle jette violemment sur la table. Celle-ci se brise, libérant les biscuits et la crème fouettée qui s’y trouvaient cachés.
Le jeu sera ensuite de picorer ça et là les biscuits moelleux et le chocolat, et de goûter le plus vite possible le maximum de choses avant que vos voisins ne vous aient pris de vitesse (les cochons).
C’est superbe. La jeune femme (qui se révélera être la chef pâtissière répondant au nom de Paper), nous fera ensuite goûter macarons et guimauves revisités à la sauce thaïlandaise de façon particulièrement inspirée.
L’un des macarons en particulier m’a tiré des larmes de joie : il était cuisiné selon une méthode thaïlandaise très particulière et sur laquelle je faisais de vaines recherches depuis des mois. Je ne vous en dis pas plus : je ferai un billet spécialement sur le sujet dans les prochains jours.
Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’en voyant mon enthousiasme et mes questions façons mitraillette, Paper fit ma joie en m’offrant le très rare ingrédient principal de cette recette**.
Bref – une adresse superbe à tous points de vues, avec une mention spéciale pour le cadre : le plus raffiné de notre voyage.
Issaya Siamese Club, 4 Soi Sri Aksorn, Chua Ploeng Road, Sathorn, Bangkok
Déjeuner sur les Klongs avec Co Van Kessel
C’est sur les conseils de notre amie Charlotte que nous avons réservé un tour « Bike + Boat » avec l’agence CoVanKessel. Le principe : une promenade de 5 heures à travers Bangkok, tantôt en vélo, tantôt en long tail boat (ces barques fines qui sillonnent les canaux (klongs) de Bangkok).
Le parcours commence aux aurores, à 7 heures du matin, par une visite du quartier chinois déjà en pleine ébullition. On traverse ensuite le ChaoPraya, pour silloner les marchés, les temples et les rues calmes du quartier de Thonburi.
Au bout d’une heure environ, on remet les vélos sur un long tail boat, et c’est parti pour une longue promenade à travers les klongs. C’est d’une beauté ahurissante : végétation luxuriante, temples mystérieux, maison en bois suspendues sur les flots : c’est à couper le souffle.
La promenade à vélo se poursuit ensuite dans un des quartiers les plus excentrés de Bangkok, où se trouvent plantations de cocotiers, de citronnelle, ou de pandanus à la drole d’odeur musquée – un paysage encore une fois superbe, une atmosphère bucolique douce et charmante, une promenade inoubliable.
Sur les coups de onze heures du matin, la fatigue se fait sentir – et l’arrêt déjeuner est donc accueilli avec enthousiasme par les participants. Le petit restaurant (dont je ne connais pas le nom) qui nous acceuille est suspendu au dessus d’un klong.
La chef nous a préparé un repas simple mais délicieux, complet : bouillon, curry vert, liserons d’eau sautés au wok, saucisses, fruits – le tout dans une ambiance franchement détendue et sympathique.
Je remarque alors que notre jeune guide déguste un plat d’oeufs salés : des oeufs de canards plongés plusieurs semaines dans une saumure très concentrée en sel, puis longuement bouillis.
Nous en avions mangé à Chiang Mai, au Pun Pun – mais ils étaient cuisinés et mélangés à de la pâte de Taro. Je n’ai donc pas résisté et j’ai demandé à en goûter un. La chef était ravie, c’est elle même qui les a disposé dans mon assiette pour la photo. J’adore quand les gens sont comme ça : fiers de ce qu’ils ont préparé, heureux de le faire découvrir.
A la dégustation, la sensation est d’abord très salée – mais l’onctueux du jaune est délicieux. Il ne faut pas manger cet oeuf seul, il doit être accompagné de riz pour atténuer son sel, et de piquant et d’acidité (piment, citron) pour relever son parfum un peu écœurant. Un curieux objet gustatif avec lequel je n’en ai pas fini (il y en a chez Paris Store héhéhéhéhé).
Après ce petit festin, nous sommes tous sonnés, et la dernière promenade en bateau, descendant le tempétueux ChaoPraya, vient à point nommé. Le retour se fait vers 13h, et nous regardons partir le groupe suivant en nous félicitant d’avoir choisi de nous lever tôt – la chaleur était déjà accablante à 10h du matin, alors à 14h, je n’ose imaginer.
En tous les cas si vous passez quelques jours à Bangkok, je ne saurai trop vous recommander ce tour en dehors des sentiers battus, c’est ce que nous avons préféré.
Co Van Kessel Bangkok Tour, River City Shopping Center, 23 Trok Rongnamkhaeng, Si Phaya Pier Yota Road, Sampantawong
Je m’arrête là pour aujourd’hui, comme vous l’avez remarqué j’ai du mal à publier ces-jours-ci, je préfère donc vous réserver la suite pour bientôt (sinon, si j’attends d’avoir tout écrit, il va encore se passer dix jours).
A très vite donc pour la suite de nos aventures à Bangkok.
*Mee krob / microbe, ils se sont TOUS fichus de moi à chaque fois que j’essayai d’en demander dans les restaurants, n’empêche que c’était super bon alors ça valait le coup (je me drape dans ma dignité, bande d’ignares).
** Et maintenant je suis bien avancée, car comme je n’en ai qu’un je n’ose pas m’en servir, parce qu’après je n’en aurai plus (logique). Heureusement, ma Charlotte m’a promis un petit colis, vous en saurez donc bientôt d’avantage sur cet étonnant procédé thaï – et je vous jure que ça vaut le coup, je pense que depuis l’invention du trombone à coulisse, on n’a rien fait de plus chouette.
merci pour ce merveilleux voyage ! t’es un génie Claire Pichon
Au moins, le terme « génie » est même un peu faible ma Sibylle 😉 Sinon toi je te kiffe tu sais ❤
Trop bien ce billet, merci! J’espère avoir l’occasion d’aller bientôt en Thaïlande alors j’ai bien pris note de tes recommandations et adresses. Je suis tout à fait d’accord avec toi..il faut bien se préparer si on ne veut pas débarquer tout perdu sans savoir où on mange bien. Génial ce tour à vélo, j’aimerais beaucoup le faire aussi! Je me réjouis de la continuation de ce billet!
Merci de ton passage Caroline, franchement il faut y aller – moi même je vais tout faire pour y retourner l’an prochain, trop envie !!!
je suis allée à bangkok il y a presque un an et je n’ai testé AUCUN de ces restaurants.
Damned.
Il faut que je reparte!
Sinon dans le quartier, ma cantine est le thai silk rue du nil.
Ha je suis passée devant l’autre jour en allant chez Terroirs d’avenir. C’est bien ? J’avoue que la carte m’a pas emballée plus que ça, genre Pad Thaï (qui est quand même un truc de touristes il faut le dire) et les trois plats qu’on trouve partout. Mais bon, je fais ma difficile hein 🙂
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Ca donne vrai-ment envie d’aller à Bangkok! Merci pour ce partage!
Merci à toi de ton passage ! Tout le monde n’aime pas Bangkok, c’est très spécial- mais moi j’ai adoré alors je te conseille mille fois !
La patronne désagréable serait la signature des bons restau thaÏ ? Ça doit être cool de manger là bas aussi avec toi, mais maintenant à chaque fois que je demanderai un mi xao croustillant chez les vietnamiens, je penserai à ton mee krob (je ne connaissais pas).
Hahaha je n’avais pas pensé à la comparaison avec la patronne du Krung Thep ! C’est un sujet à réfléchir, fort heureusement je connais de bonnes adresses où on est bien accueilli. Sinon pour le Mi Xao et le Mee krob, il n’y a qu’une solution, faut qu’on goûte 🙂
A y est les fetes de Songkran (tout le momie met sa chemise a fleur et arrose les passants avec un énorme pistolet a eau … ça marche du tonerre travers toute la Thailande pendant 4 jours durant et de 7 a 77 ans !!!) … Bref a y est, je vais pouvoir partir en quête de ce que tu sais !!
Charlotte
Je suis au taquet, je regarde la mienne tous les jours 🙂 Je suis en train s’écrire sur Or Tor Kor, j’espère publier demain – tellement de bons souvenirs !!!!
WOW mais comme ça tombe bien! Je serai à Bangkok dans 3 semaines, je vais me faire exploser la panse en suivant tes conseils!
Il semblerait qu’on partage les mêmes références, shesimmers et Nancy chandlers. Sa carte de Chiang Mai est top niveau… Celle de Bangkok, je l’ai offerte avant même de pouvoir m’en servir… Snif…
Les œufs en saumure sont incroyables si tu les sers avec une salade de lemongrass:-) … (ouh là… Je pense que je vais m’attirer une ribambelle de questions?!)
Autrement microbe, si tu prononce mii krop avec un r roulé, ils risquent de mieux te comprendre.
Allez, j’attaque le suite de la lecture, épisode 2
Bingo banco tu as gagné, aboule cette histoire de salade de lemongrass :))))))
Ok, je l’ajoute sur la liste des recettes à présenter au plus vite 🙂
Commence à en planter dans ton jardin car il en faut une bonne quantité pour cette salade.
Tu ne crois pas si bien dire, j’en ai planté sur mon balcon la semaine dernière mais bon, elle tire un peu la tronche …
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Bonjour Claire, nous partons samedi pour la Thaïlande. Je viens de noter toutes les adresses de restaurant soigneusement. Ça me fait saliver d’avance . Pour la visite combinée vélo et longtails, faut il réserver longtemps à l’avance ? Peut on le faire par téléphone?
Ce serait gentil a toi de bien vouloir me renseigner. Merci encore pour toutes ces précieuses informations.
Hello hello, j’espère que ma réponse n’arrive pas trop tard, je suis rentrée d’Asie ce matin ! Ecoute je ne pense pas qu’il faille réserver particulièrement à l’avance mais le mieux, c’est encore de les appeler ou de leur envoyer un mail 🙂 Bon voyage !!!
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