Pour moi, aller diner chez Benoit c’était un vieux rêve. Une des plus anciennes brasseries parisiennes (1912), une des plus « chic » aussi. Un lieu dans son jus, avec superbe vaisselle d’époque et bêtises de Cambrai sur le comptoir. Et depuis que Benoit a rejoint le groupe Ducasse en 2005, la réputation de bonne table n’a fait que se confirmer. Alors je suis ravie, toute guillerette en ce samedi soir d’aller respirer de cette atmosphère « Paname », que l’on espère authentique – pour une fois !
Car elles sont trop nombreuses les anciennes brasseries qui ont vendu leur âme au diable. Qui sont devenues des scènes d’opérette un peu vides, pour touristes essayant de se convaincre qu’ils sont au cœur de la vie parisienne. Il y a même des adresses mythiques où il parait que, malgré la belle mode de la Bistronomie, on ne fait plus vraiment la cuisine sur place.
Il n’y a pourtant pas de mal à vouloir préserver l’image d’Epinal. Faut-il pour cela renoncer à la sincérité de la table ?
Mais retournons chez Benoit.
En arrivant nous sommes placés dans l’entrée, probablement pas les tables les plus demandées de l’établissement *,
mais un coup d’œil génial sur la clientèle et une proximité bienvenue avec le service puisque c’est ici que se trouve le bar. Je suis un peu surprise par la taille apparemment réduite des lieux, nous découvrirons par la suite qu’ils se composent en fait d’une succession de salles et de recoins**. L’atmosphère est charmante, les cartes « vintage », le livre de cave bien rebondi.
L’ambiance vaut le détour, un mélange assez jet set de riches touristes armés de cartes Centurion, de fils de bonnes familles venus s’encanailler avant la fièvre du Samedi soir, ou de producteurs de cinéma célébrant une avant-première. Le tout dans la joie et la bonne humeur, car ici l’assiette et le verre ne sont pas tristes.
Une cuisine traditionnelle, riche de foie gras et d’abats nobles, qui ne va pas réinventer la roue mais puiser dans de beaux classiques oubliés : on ne mange donc pas ici ce qu’on trouve partout ailleurs. Le tout est évidement parfaitement maîtrisé : langue de veau Lucullus (au foie gras), cassolette de ris de veau aux crêtes de coqs et rognons blancs, pintade, salade de cèpes et de rillettes d’oies, profiteroles à tremper directement dans le chocolat, soufflé glacé au Grand Marnier.
C’est trop copieux mais ça fait partie du jeu – pas grand chose à reprocher sur cette superbe soirée (à part le soufflé glacé vraiment trop froid), le charme opère. D’ailleurs le personnel est fier de travailler ici, ils en ont plein la bouche de l’histoire du Bistrot, de l’esprit que Monsieur Ducasse veut donner au lieu, de leur cave, de leur carte – cela fait plaisir à voir et à entendre.
Alors c’est vrai que c ‘est franchement pas donné (une étoile ça se paie) mais c’est beau, c’est bon, ça respire la belle France, et on se prend à regretter que d’autres ne s’en inspirent pas.
* Notre voisine pince le nez et demande une autre table huhuhu ….
**Pas étonnant que nombre de stars viennent donc y diner, intimité garantie dans les salles cachées dans les étages.
Benoit :
20 rue St Martin, 75004 Paris
0142 72 25 76 (Réservation recommandée !!)
Entrées : 15-30 €
Plats : 30 – 45 €
Midi uniquement : menu à 35 €
Et bien, je ne connaissais même pas de nom, et pourtant… Je teste dès que possible, merci pour ce C/R!
Je pense que ça devrait te plaire 🙂
Idem, totale découverte ! Merci Claire de sortir des sentiers battus.
ha ben c’est un plaisir 🙂